L’Apocalypse de Cambrai
La haute école de l’enluminure carolingienne
L’Apocalypse de Cambrai brille mystérieusement du fond des ténèbres de l’Histoire: un trésor d’images vieux de plus de 1 100 ans, qui a survécu étonnamment bien aux tribulations des siècles et à deux guerres mondiales. Dans les 46 miniatures en pleine page illustrant la «révélation» de saint Jean se développe un récit pictural coloré qui procure au spectateur un sentiment rassurant – malgré le sujet eschatologique. L’enluminure distinctement inspirée de l’Antiquité tardive, enrichie d’influences franques, renvoie à la grande époque des Carolingiens.
Dans l’édition en fac-similé des Éditions Quaternio de Lucerne, cette enluminure d’une grande richesse d’imagination devient accessible à tous les amateurs d’une manière vivante et authentiquement palpable dans sa qualité artistique comme dans son effet.
Apocalypse de Cambrai
L’Apocalypse de Cambrai: le manuscrit
Des images magiques
Après plus d’un millénaire, l’Apocalypse de Cambrai a gardé apparemment intacte la force de ses images. Page après page, elles illustrent un texte biblique énigmatique: l’Apocalypse de saint Jean. Quatre manuscrits seulement de l’Apocalypse remontant au IXe siècle ont été conservés. Celui de Cambrai est assurément le plus vivant. La richesse de ses éléments iconographiques narratifs est unique. 46 miniatures en pleine page impressionnent le spectateur par leur vivacité et une certaine aisance dans la représentation. La palette des couleurs est aussi variée que fraîche : des tons bleus, ocre, jaunes et verts forment une harmonie de composition, tout en remplissant soigneusement les surfaces. – Un merveilleux monde d’images, qui invite à s’y attarder!
Une vision eschatologique fascinante
Les «apocalypses» sont des textes qui ont pour sujet les prophéties et les visions de la fin du monde à venir. Elles se rattachent le plus souvent à l’idée d’un jugement dernier et au renouveau divin du monde qui doit suivre. L’Apocalypse de Jean est l’unique texte de ce genre qui ait été admis dans le canon des écrits néotestamentaires. Il inspire depuis lors, avec ses images presque surréelles, la créativité et l’imagination des artistes – lorsque ceux-ci cherchent à exprimer les visions dans le langage de leur époque. Chaque manuscrit illustré de l’Apocalypse est donc unique: c’est ainsi, par exemple, que l’Apocalypse de Cambrai, à la différence de textes plus tardifs, n’offre aucune représentation de monstres, de diables ou de châtiments infernaux.
La Renaissance carolingienne
L’Apocalypse de Cambrai s’inscrit dans le contexte de ce qu’on appelle la «Renaissance carolingienne». Il s’agit là d’une évolution initiée et stimulée par Charlemagne et l’école de la cour d’Aix-la-Chapelle. À côté d’aspects politiques et religieux, elle impliquait aussi le renouveau culturel de l’empire. Cela concernait, entre autres, la réforme de la langue, de l’écriture et de la liturgie, un recours plus développé aux auteurs anciens et l’imitation de l’art antique. Au IXe siècle, cette évolution fut transmise plus loin à partir des grands centres religieux de Tours, Reims et Metz – également vers Cambrai, où cette Apocalypse pourrait avoir été destinée à l’une des grandes églises.
Apocalypse de Cambrai
À la loupe: l’art exemplaire de l’Antiquité chrétienne tardive
Les artistes de l’Apocalypse de Cambrai se sont manifestement inspirés de la peinture de l’Antiquité tardive: architectures de temples à colonnes, chapiteaux corinthiens et palmettes sont des éléments de décor devant lesquels interviennent des personnages juvéniles et imberbes, en tunique, toge et sandales (ou pieds nus comme les dieux antiques). La composition iconographique fréquemment par registre et les contours nets imposent un ordre dans l’image. Les personnages (avec de grands yeux) sont présentés en deux dimensions et gesticulent mains levées, ce qui leur confère une animation toute particulière. Il y a déjà là une composante d’expression artistique qui deviendra plus tard en s’exagérant – comme les arbres et les plantes fortement stylisées – une des caractéristiques de l’art ottonien.
Le style pictural antiquisant est particulièrement visible, par exemple, dans le détail du fol. 26r. La moitié supérieure de l’image montre le Temple de l’Éternel ouvert, avec l’Arche d’Alliance et l’adoration des 24 Vieillards louant Dieu pour la domination qu’Il exerce (Ap. 11, 15-19). Le Temple est ici un édifice à colonnes antiquisant avec un toit pointu recouvert de tuiles. Les tentures nouées dans les arcades latérales – indication de l’ouverture du sanctuaire – sont frappantes. L’Arche de l’Alliance apparaît dans l’arcade de face comme une caisse disposée en diagonale et recouverte d’un tissu. En contrebas de l’édifice sacré se tiennent les 24 Vieillards, répartis latéralement en deux groupes.
Dans la moitié inférieure de la composition figure saint Jean auréolé et vêtu d’une toge, qui adresse ses prophéties aux Sept Églises d’Asie mineure.
Apocalypse de Cambrai
L’Apocalypse de Cambrai: l’édition
Manuscrit et fac-similé en un coup d’œil
L’Apocalypse de Cambrai est le manuscrit le plus célèbre de la Bibliothèque municipale de Cambrai. Notre édition en fac-similé la rend authentiquement tangible: elle enthousiasme non seulement par la qualité de la vision qu’elle procure, mais aussi par le toucher et la sonorité d’un papier spécialement fabriqué pour imiter le parchemin.
Manuscrit: Cambrai, Médiathèque d’Agglomération de Cambrai, Ms. B 386
Date de réalisation: fin du IXe siècle
Lieu de réalisation: France (Cambrai ?)
Format: env. 31,0 x 23,0 cm
Volume: 96 pages (48 feuillets)
Artistes: inconnus, mais vraisemblablement plusieurs
Commanditaire: inconnu
Contenu: 46 miniatures de pleine page en couleurs d’une lumineuse fraîcheur, avec des encadrements décorés de motifs imaginaires et variés autour de chaque page enluminée, et des bordures moins exubérantes encadrant les pages de texte
Reliure: reliure en cuir richement décorée, avec des motifs floraux et géométriques gaufrés par embossage à sec (original du XVIIIe siècle)
Volume de commentaires: Peter K. Klein, Frank Cinato et Fabien Laforge
Tirage: 680 exemplaires
Apocalypse de Cambrai
Dix pages à feuilleter:
Un aperçu du manuscrit en fac-similé
L’extrait ci-joint de l’Apocalypse de Cambrai reproduit les feuillets 6r à 10v.
Chacune des pages – enluminées ou imprimées – est dotée d’un encadrement ou d’une bordure individuelle, avec des motifs plus riches et plus variés pour les pages enluminées.
En couleurs fraîches et harmonieusement assemblée, les illustrations ici proposées représentent : la lettre à l’Église de Sardes (fol. 6v), la lettre à l’Église de Philadelphie (fol. 7v), la lettre à l’Église de Philadelphie (II) et la lettre à l’Église de Laodicée, I (fol. 8v), la lettre à l’Église de Laodicée, II (fol. 9v) et la vision de Dieu sur son trône (fol. 10v).
Apocalypse de Cambrai
Les défis de la fabrication: fac simile
À la pointe de la technique
Pour la fabrication en fac-similé de l’Apocalypse de Cambrai comme pour toutes nos éditions, s’appliquent les critères les lus élevés en fait de fidélité à l’original. Sur place, à Cambrai, des spécialistes de la numérisation photographient avec le plus grand soin le manuscrit dans les laboratoires de la médiathèque. Les données photographiques sont ensuite retravaillées par un lithographe: page après page, il compare les épreuves sur papier avec l’original, en apportant un soin tout particulier au rendu précis des couleurs (plus de 1 000). Après plusieurs relectures et vérifications, l’impression sur papier spécial peut être lancée – sous un contrôle continu de la qualité.
Artisanat traditionnel
Après l’impression, le relieur travaille essentiellement à la main, comme depuis des siècles. Cela concerne le pliage des épreuves, l’agrafage des cahiers en corps d’ouvrage ou la couture de la tranchefile. Le corps d’ouvrage est ensuite monté dans la reliure pour laquelle on a sélectionné un cuir de la meilleure qualité, dans un ton adapté à celui de l’original. La reliure actuelle date du XVIIIe siècle ; elle est ornée de motifs géométriques et floraux gaufrés à sec. Le cliché pour le gaufrage de la reliure exige la plus haute précision. Pour finir, il restera à coller au dos les pièces de titre.
Apocalypse de Cambrai
Le dossier de documentation de l’édition en fac-similé
Des images vivantes et harmonieusement composées, des couleurs fraîches et lumineuses – un chef-d’œuvre de l’enluminure carolingienne et un chef-d’œuvre de l’art moderne du fac-similé!
Les Éditions Quaternio de Lucerne ont préparé pour vous un dossier de documentation relié toile sur l’Apocalypse de Cambrai, au format de 28 x 39,5 cm. Il contient un folio double fac-similé de quatre pages originaux. Le papier légèrement ondulé à grain de parchemin, fabriqué spécialement pour cette édition, confère une impression extraordinaire d’authenticité – comme si l’on feuilletait un manuscrit vieux de 1 100 ans. Les deux miniatures reproduites sont accompagnées d’une description complète. Une brochure d’information richement illustrée de 16 pages vous introduit dans cet extraordinaire manuscrit illustré de l’époque des Carolingiens.
Apokalypse von Cambrai
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